Monsieur LEROT
En Juin 2013, un visiteur inattendu a surgi un soir le long de l'encadrement de notre baie vitrée. C'était au crépuscule, il faisait bon, l'air était parfumé au chèvrefeuille. J'ai d'abord cru dans la pénombre qu'il s'agissait d'un gros rat, mais comme il s'attardait à me regarder de l'autre côté de la vitre, j'ai remarqué sa queue si longue et caractéristique : c'était un lérot, un rat fruitier plus communément appelé.
Pratiquement chaque soir, à l'heure crépusculaire, celle dite entre chien et loup, il descendait. Car M. Lérot avait créé son logis sous notre toit. Il s'y faufilait et en sortait par un trou minuscule qu'il avait fait au défaut d'un lambris de l'avant-toit.
L'année dernière, retour du lérot, qui avait passé l'hiver bien au chaud chez lui — enfin, chez nous. Quelques crottes sur le mur signaient parfois son passage et faisait râler monsieur mon mari. Le "trou" fut inspecté plusieurs fois au cours de séances acrobatiques qui me mirent des sueurs froides, je tenais le bas de l'échelle et Monsieur mon mari essayait de trouver une combine pour colmater ce trou après le départ de notre locataire. Puis on a laissé aller…
Et voici que fin mai, par une tiède soirée, à l'heure où Vénus a commencé à scintiller, est venue aussi "l'heure du Lérot". Il était là, de nouveau. Toujours très familier et prudent, capable de rester dix minutes accroché face à moi pour observer le jardin - il y a les chats des voisins qui passent le soir — puis descendre et bondir et disparaître sous les haies…
Cette fois-ci, M. mon mari a colmaté le trou. M'a rassurée : "il logera désormais dans la pile de bois de chauffage, les lérots aiment cet habitat !"
Le nôtre préférait la maison. Le lendemain le trou était de nouveau bien ouvert et depuis… il le reste et le restera, pour mon plus grand plaisir, moi, toujours en attente du rendez-vous du soir, à l'heure du Lérot !