LA FAMILLE
Nous sommes arrivés au plus gros des travaux des champs, la moisson et bientôt le battage où nous participerions. L'arrosage de bon matin des maïs, au plus haut de la colline. Escurial, aux marches des sierras, est situé à plus de neuf cent cinquante mètres d'altitude… Il y faisait chaud, pourtant !
Nous avons été accueillis avec une telle gentillesse que des années encore j'en garde un souvenir ému. Malgré tout ce que les membres de cette famille avaient à faire, on nous consacrait beaucoup de temps. Le matin, le petit-déjeuner nous attendait au coin de l'âtre, une casserole de lait de chèvre, du pain sur la table, tous étaient debout depuis longtemps quand nous nous levions, pas si tard que cela. Les garçons, Avilio, 25 ans et Alonso, 19, comme moi, nous avaient laissé leur chambre.
À midi le repas préparé la veille par "tia" Térésa, nous réunissait. On se lavait les mains dans un plat posé sur un trépied, avant de passer à table. Généralement c'était un plat unique de viande de porc et de pois chiches avec beaucoup d'huile d'olive très forte. Les porcs, noirs, petits cochons délurés, vivaient tous en liberté dans le village. Il n'y avait pas de toilette, bien sûr, et on allait où on pouvait, le matin, j'ai eu souvent, dans l'écurie du mulet, un petit goret noir qui venait me renifler le derrière et je poussais les hauts cris !
J'avais demandé au cousin Bénigno resté en France ce que nous pourrions offrir à sa maman pour faire plaisir, il nous avait suggéré d'emporter du café, très prisé et très coûteux en Espagne, et ce cadeau parmi d'autres petites choses à laquelle j'avais pensé, avait été très apprécié…
Mon appareil photo toujours avec moi, j'immortalisais les lieux et les visages… Sur la première photo je suis à côté d'Avilio (ou Abelio, mais on prononçait Avilio) il y a sa cousine Valentina et tout au bout sa maman Térésa.
Sur l'autre, je suis assise à côté d'Alonso, 19 ans comme moi, un peu embarrassé d'être pris en photo.
Bonne journée, à bientôt pour la suite…